La Suisse est connue pour ses montres, son chocolat, Roger, mais pas seulement ! Parmi ses spécificités dont elle peut se targuer, elle est le pays qui compte le plus de brasseries par habitant (1 brasserie pour environ 6600 âmes contre par exemple 1 pour 200'000 aux USA ou en Italie). Mais pourquoi ? Sommes-nous simplement plus alcooliques que les autres ?...
Historiquement, avant le cartel de la bière, quasi chaque bled avait sa brasserie et la production brassicole était locale. Du coup, on peut sûrement en partie expliquer l'engouement de nos concitoyens à raviver l'esprit des brasseries artisanales par une volonté de retour aux sources.
Et puis bon, on a du pognon en Suisse ! Alors Monsieur tout un chacun (ou presque, parce qu'on sait que la vie c'est pas facile pour tout le monde) a le temps, l'espace et les moyens de s'amuser à brasser de la bière à ses heures perdues et d’expérimenter pour se faire plaisir.
Ok, ok, on a la tradition et l'argent.. mais nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Alors pourquoi la Suisse est-elle en tête du classement ?
On le sait bien, parmi les spécificités Suisses, il y a aussi notre amour de l'ordre : tout est bien classé, rangé et... taxé. Selon la législation en vigueur, sont libérés de l'obligation de s'inscrire et donc exonérés du paiement d'impôts, les brasseurs dont la production n’excède pas 400l, qui produisent avec du matériel personnel dans leur propre ménage et pour leur consommation personnelle. Cela signifie que, même les brasseurs amateurs, produisant de très faibles quantité sont comptabilisés comme brasseries dans les statistiques officielles. Ce seuil est très bas en comparaison internationale et explique notre première marche du podium.
Si la raison principale pour ce nombre élevé de brasseries est bel et bien l'obligation de s'enregistrer à partir de 4 hl, il ne faut pas en oublier une autre: celle de la possibilité de s'enregistrer et ceci de manière ridiculement facile. Ce dont profitent joyeusement 100 à 150 homebrewers produisant moins de 4 hl et trouvant extrêmement fun d'apparaître sur une liste officielle.
En conclusion, sans notre amour immodéré de la taxe et de l'ordre, on serait dans la moyenne (ex. Allemagne 1 pour 60'000, Royaume-Uni 1 pour 80'000). Alors arrêtons de nous faire mousser en fantasmant la Suisse comme le pays où les brasseries artisanales pulluleraient plus qu'ailleurs. D'ailleurs, pour la petite histoire, aux USA on désigne comme brasserie artisanale (craft beer) toute brasserie qui brasse jusqu'au double de la consommation nationale Suisse...
ps : pour ceux qui seraient intéressés par nos réflexions sur la fiscalité de la bière, c'est par ici.
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Un des rares articles qui remet ce "fameux" record dans le contexte. Très bien! J'ai 3 petites remarques: 1) il n'y a pas ~1300 brasseries enregistrées (comme noté dans l'article sur les taxes), mais 1117 (dont 8 au Liechtenstein; état au 13 novembre). Il ne faut pas oublié que les numéros des brasseries fermées ne sont pas réattribués. 2) ce qui amène que d'un point de vue strict, c'est le Liechtenstein et non la Suisse, qui détient ce record. Encore une raison de moins de se faire mousser ;-) 3) Si la raison principale pour ce nombre élevé de brasseries est bel et bien l'obligation de s'enregistrer à partir de 4 hl, il ne faut pas en oublier une autre: celle de la possibilité de s'enregistrer et ceci de manière ridiculement facile. Ce dont profitent joyeusement 100 à 150 homebrewers produisant moins de 4 hl et trouvant extrêmement fun d'apparaître sur une liste officielle. Cela fait un certain temps que je milite pour une exemption de la taxe jusqu'à 20 hl (en s'assurant de plus que seules les brasseries produisant effectivement plus soient publiées officiellement). Ce qui ferait disparaître 69% des "brasseries" enregistrées et donnerait une plus grande crédibilité au boom - incontestable - de la bière en Suisse au niveau international.
Répondu par: Site Owner Sur 19/11/2019 Merci pour ce commentaire. Vu que tu est déjà cité comme source je corrige de suite le billet.